Angoisse de Séparation : Ce que Cela Dit de Votre Enfant

L’angoisse de séparation est l’une de ces étapes qui jalonnent l’enfance. Elle naît lorsque l’enfant comprend qu’il est une personne distincte de son parent, et que ce dernier peut « disparaitre » plus ou moins longtemps . Les pleurs du matin, les refus d’aller à l’école, les petits bras qui s’accrochent désespérément expriment une crainte profonde : celle de perdre son port d’attache.

Dans notre article sur les troubles du comportement chez l’enfant, nous évoquions déjà cette épreuve si courante. Découvrons ensemble quand elle apparaît, combien de temps elle dure, et surtout comment l’apaiser avec douceur et constance.


1. Qu’est-ce que l’angoisse de séparation ?

L’angoisse de séparation est une étape normale et attendue du développement. On pourrait la comparer à un fil invisible qui relie l’enfant à son parent. Et l’enfant croit que ce fil se brise dès que l’adulte disparaît de son champ de vision.

Cette étape est liée à la découverte de ce qu’on appelle la permanence de l’objet : vers la fin de la première année, l’enfant réalise que ce qui disparaît de son regard n’a pas cessé d’exister. C’est une révélation presque magique… mais aussi vertigineuse.
Car désormais, l’absence n’est plus un simple vide : elle devient une séparation tangible. L’enfant sait que son parent est toujours là, quelque part, mais il n’a pas encore la certitude qu’il reviendra près de lui.

Il est important de se souvenir que l’angoisse de séparation n’est pas un trouble, mais une étape du grand voyage de l’enfance. Elle raconte la force du lien d’attachement : si l’enfant pleure quand son parent s’éloigne, c’est parce que son cœur mesure déjà l’immensité de cette présence aimée et redoute de la voir s’effacer.


2. L’âge de l’angoisse de séparation

L’angoisse de séparation apparaît généralement chez le bébé entre 6 et 12 mois. À cet âge, l’enfant prend conscience qu’il est une personne distincte et qu’il peut être séparé de son parent tant aimé. Ce constat, à la fois merveilleux et terrifiant, déclenche des pleurs et des refus dès que l’adulte quitte la pièce.

Un second pic survient souvent vers 2 ans. L’enfant se met à marcher, parler, explorer… il goûte à la liberté avec une joie éclatante. Mais derrière cette conquête subsiste la crainte du détachement. Il veut « faire seul », et dans le même instant réclame à nouveau les bras de son parent. Chaque séparation devient alors une danse fragile, entre désir d’indépendance et besoin d’être rassuré.

On pourrait dire que l’enfant avance dans la vie avec un cœur partagé : une partie qui brûle de découvrir, une autre qui tremble à l’idée de perdre son point d’ancrage. Ces tensions sont normales, et elles façonnent peu à peu son équilibre affectif.


3. Jusqu’à quel âge dure l’angoisse de séparation ?

Chez la plupart des enfants, l’angoisse de séparation s’apaise peu à peu au fil de la petite enfance. Vers 3 ou 4 ans, l’enfant comprend mieux que les absences sont temporaires, comme des parenthèses qui se referment toujours. Il apprend à attendre, à compter sur les retrouvailles, à garder son parent présent dans son cœur même quand il ne le voit plus.

Pourtant, certains continuent à ressentir une forte anxiété lors des séparations, en particulier à l’entrée à l’école ou face à des événements nouveaux. La séparation reste alors une épreuve plus longue, une étape qui demande davantage de réassurance.

Chaque enfant a son rythme secret. Certains lâchent vite la main, d’autres la tiennent plus longtemps. Le rôle du parent est simplement d’accompagner cette traversée avec patience et constance, jusqu’à ce que l’enfant découvre que le lien reste solide, même quand la distance s’installe.


4. Angoisse de séparation et autisme

Chez un enfant porteur d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA), l’angoisse de séparation peut résonner comme un écho plus puissant encore. Le lien aux parents, aux repères, aux routines, est pour lui une véritable ancre de sécurité. Quand cette ancre semble se détacher, l’absence peut prendre la forme d’une tempête intérieure, bien plus difficile à apprivoiser.

Pour apaiser cette crainte, l’enfant TSA a besoin de repères concrets et visibles : savoir à l’avance quand la séparation aura lieu, voir sur une image ou un pictogramme le moment du retour. Ces gestes répétitifs ne sont pas accessoires : ils sont comme un fil tissé patiemment, qui montre que le lien demeure intact malgré la distance.

L’essentiel est de cultiver la prévisibilité. Car un enfant autiste, plus que d’autres, a besoin que le monde garde une cohérence lisible. Avec le temps, il découvre que l’absence n’est pas un abandon, mais une pause, toujours suivie d’un retour, comme le soleil qui disparaît un instant derrière un nuage, mais qui finit toujours par revenir éclairer le ciel.


5. Comment accompagner l’angoisse de séparation ?

Face à un enfant qui pleure au moment de la séparation, la tentation est grande de disparaître discrètement pour « éviter la crise ». Mais il est toujours préférable de dire au revoir plutôt que de filer à l’anglaise. L’enfant, même en pleurs, comprend alors que son parent est fiable et qu’il tient ses promesses.

Les rituels rassurants peuvent être, dans ce cas, de précieux alliés. Un mot secret soufflé à l’oreille, un foulard parfumé qui garde l’odeur du parent, un doudou ou une brume apaisante peuvent devenir des liens discrets qui relient l’enfant à son repère affectif.

Il est également important de valoriser les retrouvailles : un sourire, un câlin serré, quelques mots tendres suffisent à montrer que la séparation n’était pas un drame, et qu’elle n’était que temporaire. Ces petits gestes construisent peu à peu une confiance forte, où l’enfant apprend que l’absence est toujours suivie d’un retour.

Et rassurer ne signifie pas surprotéger. L’objectif n’est pas d’empêcher la séparation, mais de la rendre supportable. C’est en traversant ces petites épreuves, soutenu par l’adulte, que l’enfant bâtit la certitude que son parent reste présent, même quand il ne le voit pas.


Conclusion

L’angoisse de séparation n’est pas une fragilité, mais une étape essentielle du développement chez l’enfant. Elle dit l’attachement, la dépendance, et prépare peu à peu l’autonomie.

Avec de la patience, des rituels rassurants et une présence constante, l’enfant apprend que l’absence n’est jamais synonyme d’abandon. Et puis un jour, presque sans crier gare, il préfère lâcher les bras qui retenaient, pour aller, confiant, vers de nouvelles découvertes.

 

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